En raison du contexte d’incertitudes sur l’avenir du métier de prévisionniste à Météo-France dans la profonde réorganisation en cours, les formations au nouvel outil Arome-PI ont suivant les régions, soit été suspendues, soit ont lieu et sont l’occasion d’échanges entre prévisionnistes, soit avaient déjà été planifiées à des échéances plus lointaines.
Pour rappel, lors des deux sessions de formation de formateurs Arome PI/PE de janvier et février derniers, des doutes avaient déjà été émis : les deux nouveaux systèmes n’avaient pas fait leurs preuves sur les situations étudiées et demandaient une période d’étude plus longue, ainsi que des évolutions dans leur construction.
Nous avions pour la plupart d’entre nous participé activement aux différentes expérimentations Arome PI/PE en collaboration avec les équipes DIROP/Labo, PI et CNRM. Nos attentes étaient fortes quant à l’apport de ces nouveaux outils pour améliorer l’expertise du prévisionniste, en particulier dans l’anticipation et la gestion des situations à enjeux.
Les expérimentations et les deux sessions de formation avaient été l’occasion pour nous de formuler des critiques sur la maturité de ces deux nouveaux systèmes. Nous ne développerons pas ici les limites de la PE-Arome dont les formations ont été repoussées en 2017.
Pour le modèle de prévision immédiate à 6h, Arome-PI, outre le fait que l’outil ne se prête pas aisément au mode rejeu, plusieurs limites sont apparues : forte dépendance à l’ébauche Arome, difficultés à prendre en compte les observations et s’il y parvient, perte rapide de cette information pour se rapprocher d’Arome. Les conclusions des expérimentations étaient très mitigées. Depuis, pour préparer nos formations et les illustrer, nous avons étudié Arome PI de manière plus systématique. Pour l’instant, les conclusions restent inchangées, sans aucun exemple probant.

Arome PI a été déclaré apte pour le service au mois de mars (voir actualité intraMet du 23 mars 2016). De même, la PE-Arome passera opérationnelle fin 2016. Tant que ces nouveaux outils étaient présentés comme des outils complémentaires d’expertise pour le prévisionniste, les différentes limites que nous avons listées ci-dessus constituaient des freins à l’utilisation de ces outils par le prévisionniste, mais nous pensions qu’à force de les formuler, nos remarques seraient entendues et que les évolutions de ces outils dans les années à venir les corrigeraient peu à peu.
La décision prise de manière unilatérale d’automatiser notre base de données dans un avenir très proche jette un éclairage nouveau sur le sujet. Alors que, dans les différents discours de la direction, les attentes fortes des systèmes Arome PI/PE sont exprimées, leurs limites actuelles n’apparaissent jamais. De même, la place du prévisionniste et celle de l'expertise humaine sont profondément contestées : dans cette optique, l'objectif initial et le public visé par les formations Arome PI sont remis en cause.

Ainsi, nous sommes très inquiets quant à l’utilisation de ces outils dans une base toute automatique sans intervention humaine. L'inquiétude existe aussi sur la motivation future des agents, basée sur le volontariat, remettant en cause une réelle implication collective.
Nous demandons donc la suspension officielle de ces formations dans leur forme actuelle.