Comme partout à Météo-France, les réductions d’effectifs promises à la doctrine ordo-libéraliste (libéralisme accompagné d’austérité) appliquée par les gouvernements européens suite à la Grande Crise, continuent de détériorer notre établissement comme jamais auparavant. La DIRAG ne fait pas exception et les suppressions de postes, notamment depuis 2008, sèment le chaos dans le climat social, impactant la santé physique et mentale des agents. Le service rendu aux usagers, en particulier à l’aéronautique, dont dépend une grande partie du budget de Météo-France, se dégrade aussi fortement, avec comme risque à terme que ce service parte à la concurrence.

Mais certains cadres font mine que tout se passe bien. Pourtant, si l’on regarde attentivement les événements en DIRAG depuis 2008, le constat est plutôt accablant. Pas moins de trois réorganisations de la prévision : en 2007/2008 (automatisation de l’observation), 2012/2013 (centralisation prévision amont et aéronautique en Martinique, automatisation des radiosondages) et 2016/2017 (réduction forcée d’effectifs faute de candidats). L’incertitude sur l’avenir pèse, on constate avec effarement qu’il n’existe aucun projet de long terme à 10 ans à Météo-France et la DIRAG, et personne ne distingue les évolutions de son métier à un an ou 2 ans.

Les conséquences ? D’une part les agents apprennent que nombre de leurs tâches vouées à disparaître ne servaient semble-t-il à rien. D’autre part, de nouvelles tâches deviennent « indispensables ».

Avec quoi en retour ? Aucune reconnaissance, des « années blanches » en revalorisation de primes (2015 et 2016), des promesses qui n’engagent à rien, comme faire miroiter le passage au corps supérieur. Au contraire, on retire à certains leurs compétences et/ou leurs bonifications des nuits et week-end (IPHA !) sans qu’ils n’aient rien demandé, juste parce que leur bilan est négatif. Ceux qui travaillent plus peuvent, eux, s’asseoir sur leur bilan.

La Direction opère une fuite en avant scientiste : les radiosondages auto, servant à supprimer du personnel, ne fonctionnent pas correctement en regard de leur coût exorbitant, les moyens d’observation sont en panne récurrente sans date de résolution, le super centre de prévision créé en Martinique en 2012 est en voie d’extinction faute de personnel (la démotivation est passée par là), et les grèves se multiplient. Quant aux usagers aéros, ils doivent passer par la Martinique pour obtenir leur dû, alors qu’une présence locale était assurée, notamment en Guadeloupe, pour un service plus adapté.

De nombreuses tensions apparaissent au cours des réorganisations, les agents se dressent les uns contre les autres, certains sont submergés, harcelés, jusqu’au « burn-out », quand d’autres sont en souffrance perdant toute motivation et sens du travail. Car oui, la schizophrénie s’empare de certains, chargés d’appliquer ou d’exécuter la politique de réduction du personnel à marche forcée, contraire à leurs valeurs et ne permettant plus de mener à bien sereinement les missions de Météo-France. Comment « faire plus avec moins » ? Comment assurer la SPB sans les moyens suffisants (personnel, outils, réseau…) ?

 

L’équation paraît désormais inextricable, et pousse à l’abandon. Soit le cerveau disjoncte, soit le corps lâche, parfois les deux : en témoignent les nombreux malaises récents de cadres de la DIRAG. D’autres sont plus forts et parviennent à résister, mais pour combien de temps encore avant l’apocalypse ?